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Découverte avec une amie de ma mère
Il pleut et je suis resté à la maison pour réviser mon bac de Français… sans grande conviction ni motivation… Vers seize heures le carillon de la porte d’entrée m’arrache lentement à ma torpeur. Je descends les escaliers et ouvre la porte.
Sur le seuil, Charlotte, une amie de mes parents, abritée sous un parapluie. J’ouvre la porte et, avant d’avoir eu le temps de l’inviter à entrer, elle se faufile dans le hall. Elle dénoue le foulard Hermès qui couvre sa tête et glisse ses mains dans ses cheveux pour y remettre de l’ordre.
— Quel temps horrible…
Je la débarrasse du parapluie qu’elle me tend. Elle amorce alors un léger demi-tour en me souriant et me présente ses épaules. J’ôte l’imperméable et l’accroche à la patère. Elle se retourne avec une fascinante élégance, toute faite de retenue lascive.
Charlotte a quarante-huit ans, elle était en classe avec ma mère et depuis, elles ne se sont jamais quittées. Mariée avec un lointain cousin de la famille, elle a trouvé naturellement sa place au sein de la tribu. Depuis que nous nous sommes réinstallés dans la ville de Libourne, ses visites sont devenues hebdomadaires, tant et si bien qu’elle a progressivement atteint le rang de « tante associée ».
Ce qu’elle ignore c’est que depuis des mois, elle est devenue l’objet de mes rêves secrets. Chacune de ses visites est l’occasion de nourrir mes fantasmes. Un mètre soixante-cinq, fine, élégante, elle possède à mes yeux d’adolescent toutes les qualités pour susciter chez moi des émois intimes que j’entretiens soigneusement. Chaque semaine, le jeudi, vers dix-sept heures, elle vient prendre le thé à la maison. Je ne raterais pour rien ce rendez-vous hebdomadaire. Dès que le carillon sonne, je dévale les escaliers et ne laisse à personne le soin de l’accueillir.
— Oui, un instant, je vous ouvre…
Je l’aide à se débarrasser de son manteau ou de sa veste, en m’arrangeant pour effleurer une épaule ou glisser un regard discret dans l’échancrure de son chemisier. La semaine dernière, feignant une maladresse, j’ai même effleuré sa poitrine en prétextant de la débarrasser d’un paquet. Ce contact, très calculé et indécelable, a accompagné le soir même ma main d’adolescent.
Ce jour-là, elle paraît rayonnante, quelques gouttes de pluie perlent sur son visage. Elle porte un ensemble gris. Une veste de tailleur un peu cintrée à la taille et une jupe très courte qui souligne le galbe de ses jambes habituellement gainées de soie grise.
— Je suis exténuée, me lança-t-elle. J’ai été surprise par cette averse en sortant de chez Brigitte de Valois et j’ai pensé à votre maison comme refuge. Votre maman est là ?
Elle est un peu essoufflée et ses yeux malicieux pétillent d’une forme de juvénilité que je ne lui connais pas.
— Non, madame, je suis seul, maman est sortie et ne devrait rentrer que très tard. Elle doit rejoindre papa à la sortie de l’étude puis aller dîner chez les Haumont.
— Mais vos frères et sœurs ?
— Vous savez, ils sont chez nos cousins pour les vacances. Comme je dois réviser mes examens de fin d’année, j’ai préféré rester.
— Eh bien mon ange, vous allez m’offrir l’hospitalité. Seriez-vous capable de me préparer un thé ? Allez, je m’installe et je vous attends… et prenez une tasse pour vous, vous n’allez pas me laisser seule n’est-ce pas ?
Je file d’une traite dans la cuisine préparer un plateau. Jamais je n’ai imaginé, même dans mes rêves les plus fous pouvoir passer quelques heures seul avec elle…
— Eh bien Pierre, vous avez fait bien vite. C’est adorable… Vous avez tout prévu, ajouta-t-elle en regardant le plateau que je pose sur la table basse. Des muffins ! Vous êtes un chou.
La pluie a cessé, mais le ciel est lourd et menaçant. La pénombre s’est subitement installée. Je me lève et allume une lampe sur le guéridon.
— N’allumez pas davantage, Pierre. C’est plus reposant ainsi… Posez votre tasse, vous allez la renverser et mettez-nous un peu de musique. Votre père a les Gymnopédies de Satie, je crois…
Je ne me souviens plus comment j’ai trouvé le disque parmi les vinyles paternels… la chance probablement… J’avais les joues en feu… Ne pas trembler… Feindre le naturel, voire l’indifférence… Ne pas ponctuer toutes ses phrases d’un sourire béat… Éviter les regards de cocker…
Je pose les fesses sur le bord d’un fauteuil en face d’elle ; ma jambe droite est prise d’un léger tremblement que je contiens avec peine. Elle prend la théière et verse lentement le liquide ambré dans la tasse.
— Du Darjeeling de chez Mariage Frères, vous êtes parfait Pierre. Il est brûlant, faites attention à vos lèvres…
Les premières notes lentes de piano se mêlent aux crépitements des bûches… La pénombre s’est faite plus profonde encore. La lampe que j’ai allumée éclaire son profil. Un visage de statue grecque… Pâle, distante un peu hautaine. J’imagine le velouté de sa joue, la souplesse de ses lèvres fines… Perdu dans mes appréciations esthétiques, je n’entends sa question qu’en un vague écho.
— Pardon !
— Rien, Pierre. Je faisais juste remarquer que je commençais à peine à me réchauffer. Vous n’êtes pas très bavard. Mais, vous avez raison, profitons du calme. J’ai eu un après-midi exténuant. « Soit sage, ô ma douleur et tiens-toi plus tranquille, tu réclamais le soir, le voilà, il descend… »
— Baudelaire ! dis-je instinctivement.
— Eh bien, vous avez vu, vous êtes à niveau, cela vous fera du bien, cette pause.
Mes yeux sont rivés sur le chemisier de Charlotte. L’échancrure semble s’être davantage ouverte. Mes yeux sont plongés dans le sillon naissant de ses seins parsemés de fines tâches de rousseur.
Malgré une apparente naïveté, je ne suis pas complètement ignorant des charmes du sexe opposé. Les vacances précédentes ont été l’occasion de flirts avec une cousine et une de ses amies – successivement cela s’entend – mais la fraîcheur d’une poitrine adolescente n’a pas provoqué chez moi un tel émoi.
Charlotte se penche vers la table et prend un muffin entre ses doigts parfaitement manucurés. Je suis du regard l’arabesque de sa main qui remonte vers sa bouche. Arrivés à quelques centimètres de ses lèvres ses doigts lâchent malencontreusement le gâteau qui rebondit sur sa jupe et atterrit sur le tapis. Instinctivement, je bondis de mon fauteuil et me penche pour le ramasser.
À genoux à ses pieds, je ramasse les miettes. Mes yeux, fixés sur les escarpins noirs, dont une fine lanière enserre la cheville, remontent le long de la jambe gainée de gris. Je suis littéralement hypnotisé par la longueur de ses jambes. Je suis lentement la couture du bas, le galbe du mollet, le creux du genou jusqu’à la barrière de tissu sombre de sa jupe. Cette remontée n’en finit pas.
— Eh bien Pierre. Je crois que les miettes sont plus nombreuses que je l’imaginais. Vous vous donnez bien de la peine. Françoise les ramassera demain en passant l’aspirateur.
Désarçonné je tente de me redresser en espérant naïvement que mon trouble passe inaperçu.
Mon mouvement est stoppé par une main posée dans mes cheveux. Doucement, mais avec fermeté, elle me maintient à genoux.
— Vous savez Pierre, je pense – et ne crois pas me tromper – que ce sont plutôt mes jambes qui vous intéressent. N’est-ce pas ?
Abasourdi, je tente à nouveau de me redresser.
— Non, non, Pierre, restez ainsi, ne bougez pas. Je ne voudrais pas vous arracher à ce qui semble vous fasciner. Laissez-vous aller, profitez de la situation. Je crois m’être aperçue depuis plusieurs semaines de votre intérêt, disons un peu marqué, pour ma personne… C’est très flatteur, vous savez… Vous êtes adorable.
Tout en parlant, Charlotte s’est penchée légèrement vers l’avant et avec sa main libre a saisi la mienne. Elle la dirige et la pose sur la courbure de son pied.
— Vous savez Pierre, que votre intérêt ne me laisse pas indifférente. Je vous trouve charmant… touchant et peut-être davantage…
Sa voix est à peine perceptible, un souffle léger, profond.
— N’ayez pas peur… Je sais que cela vous fait plaisir. Ne le boudez pas… il est d’ailleurs partagé… Nous sommes entre adultes, n’est-ce pas ?
Flatté et étourdi par ces paroles inattendues, je reste immobile.
Je sens son autre main jouer avec les boucles de mes cheveux, descendre le long de ma nuque, caresser mes oreilles et mes joues.
Enhardi, je bouge légèrement ma main et m’arrête sur la lanière de cuir de ses escarpins vernis.
— Vous voyez Pierre, ce n’est pas si dur que cela. Continuez… Pensez que j’en tire autant de plaisir que vous.
Ma main suit le chemin que mes yeux ont exploré quelques instants plus tôt. La courbure du mollet, le léger bourrelet de la couture qui serpente le long de ses jambes. Le creux tiède de ses genoux. Sa main guide la mienne d’une pression légère. Je remonte lentement le long des cuisses et parviens à la lisière de la jupe.
Où m’arrêter ? Je ne me pose même pas la question. Je suis dans un état second. Le bout de mes doigts frôlent l’ourlet de la jupe, Charlotte avance légèrement son bassin pour faire remonter la jupe. Ses doigts se crispent légèrement en glissant ma main sous le tissu.
Une bosse commence à déformer mon pantalon de toile.
Je continue ma lente progression et bute sur la fermeture métallique d’un porte-jarretelles. Je ne peux plus m’arrêter, craignant qu’en un instant ce rêve prenne fin au hasard d’un caprice ou d’un ressaisissement. J’ai dépassé le bord roulotté du bas et touche pour la première fois la chair de Charlotte… « Daha Yumuchak » m’apprendra plus tard une amie turque en parlant de la douceur de l’intérieur d’une cuisse. Une seconde, un siècle plus tard… le bout de mes doigts, plongeant vers l’intérieur de ses cuisses rencontrent, dans la moiteur de l’entre-jambe, la soie d’une culotte.
— Eh bien, vous voyez Pierre, ce n’est pas si compliqué… Mais, relevez-vous maintenant, il faut apprendre la patience. J’aimerais, moi aussi, mieux vous connaître… Laissez-moi à mon tour satisfaire ma curiosité.
Je me relève, à la limite de la syncope. J’ai l’impression que tout mon sang s’est concentré dans ma tête et… dans mon sexe.
Redressé, les jambes flageolantes, le souffle court, je me tiens maintenant, un peu gauche, en face de Charlotte. Je n’ose pas lever les yeux, de peur que le charme ne se brise.
— Regardez-moi Pierre, n’ayez pas peur… Je vous fais peur ?
Sans me laisser le temps de répondre, ce que d’ailleurs je suis incapable de faire, elle continue :
— Vous savez, j’ai remarqué depuis plusieurs semaines que je ne vous laisse pas indifférente. Au début, je n’y ai pas fait attention, vous n’étiez qu’un adolescent ; le fils de ma meilleure amie de surcroît… Et puis, votre insistance à vouloir m’ouvrir la porte, votre obligeance empressée à m’aider à enlever mon manteau. Vos regards appuyés. Cette manière de caresser mes épaules. Le frôlement de votre main sur ma poitrine. Je me suis rendu compte que vous n’étiez plus un enfant. D’ailleurs, le trouble apparent qui déforme votre pantalon en dit plus long que toutes vos dénégations.
Je baisse les yeux sur le devant de mon pantalon, déformé par une irrésistible pression que je tâche désespérément de masquer derrière mes mains croisées. J’esquisse, gêné, un pas en arrière arrêté par les mains que Charlotte vient de glisser derrière mes cuisses.
— Vous avez peur ? À votre âge…
— Non ! dis-je dans un souffle
— Alors, restez. Je vous ennuie peut-être ? Vous voulez retourner travailler ?
— Oh, non, pas vraiment…
— Vous savez, vous n’êtes plus un enfant… Vous êtes surpris de l’intérêt que je vous porte ? Vous me trouvez peut-être trop vieille… C’est cela ?
— Oh ! Non, je vous trouve très belle… vraiment très désirable… répondis-je, inconscient de la hardiesse de mon aveu…
— Eh bien ! … Aveu pour aveu, moi aussi je vous trouve adorablement désirable. Enlevez vos mains, vous n’êtes plus un enfant et ce désir que je devine à l’évidence, n’est pas honteux… C’est, vous le savez, une des différences entre nous… Les femmes parviennent davantage à masquer l’émoi que les hommes provoquent chez elles… Quoique… vous apprendrez, avec l’expérience, à déchiffrer sur leur visage ou leurs mains les indices d’une émotion, d’un désir.
Tout en parlant, sous la pression légère mais impérieuse de ses mains, je me suis avancé à quelques centimètres de Charlotte.
— Vous devriez vous mettre à l’aise. Vous ne trouvez pas qu’il fait chaud ? Vous êtes tout rouge… Enlevez votre chemise ; vous serez mieux et, pour être honnête, j’ai très envie de vous voir…
Je ne me pose aucune question. Charlotte a eu le talent de créer une atmosphère de confiance.
En me donnant l’impression de ne rien forcer, elle sait qu’elle m’offre le rempart, le prétexte d’un alibi moral. Pour être honnête, je trouve cette situation très à mon goût. Ce parfum d’érotisme interdit me convient parfaitement et va bien au-delà des fantasmes qui accompagnent mes caresses nocturnes.
Je défais un à un les boutons de ma chemise avec plus de fébrilité que je ne le souhaite.
— Prenez votre temps, Pierre. Vous apprendrez qu’en amour, la patience ajoute beaucoup à la volupté. Je sais que parfois, sous le coup d’un désir presque a****l, les femmes ne sont pas insensibles aux manières un peu brutales des hommes… mais, je vous ferai découvrir tout cela plus tard, si vous le voulez…
La tessiture chaude et profonde de la voix de Charlotte m’hypnotise. Je suis sous le charme puissant de ses paroles… une forme inconsciente de servitude volontaire.
Je fais effort pour calmer le léger tremblement qui agite mes mains. Mes doigts continuent à défaire un à un les boutons.
— Enlevez votre chemise s’il vous plaît Pierre.
Je n’ai pas attendu ces paroles pour laisser tomber le tissu bleu ciel à mes pieds. Je pense alors, avec une certaine gêne honteuse, que je ne dois pas avoir le physique des hommes mûrs qu’elle doit fréquenter.
Elle a devancé mes pensées.
— N’ayez pas honte Pierre. Tous les âges ont leur charme. Assumez votre physique… Laissez les doutes aux femmes. Vous verrez d’expérience qu’elles sont follement sensibles à leur apparence physique. Ce sont toujours les mêmes questions. Suis-je aussi belle qu’il l’a imaginé ? Il va sûrement être déçu ! Elles pensent leurs seins toujours trop gros ou trop petits, de même pour leurs fesses qui ne sont, à leur goût pas assez fermes, leur ventre n’est pas assez ceci, pas assez cela… Elles imaginent que leurs amants passent leur temps à estimer, comparer, apprécier, confronter… Et, cette tendance va en se renforçant à mesure que les années passent. Elles ont tort, à mon sens… Et, leurs amants auront beau le leur dire, elles restent persuadées que ce ne sont que flagorneries… Beaucoup d’entre elles font même un vrai blocage et se privent du plaisir de paraître dans l’intégralité de leur nudité. Il faut que l’aiguillon de l’excitation les libère pour qu’elles s’affranchissent de cette prude retenue et qu’elles s’ouvrent enfin. Retenez cela Pierre. Respectez toujours ces premières marques d’une pudeur naturelle… Vos maîtresses vous en sauront gré… Douceur, patience, respect de l’autre doivent accompagner vos premiers pas… Vous verrez que, petit à petit, elles se libéreront de leurs préjugés… et qu’elles se livreront tout entières à la hardiesse de vos caresses et, que les leurs en retour se feront de plus en plus audacieuses. Il n’est rien, sous l’effet du plaisir, qu’une femme ne refuse à la condition qu’elle se sente respectée.
Tout en parlant, Charlotte a posé ses mains sur ma poitrine, caressant mon jeune torse, agaçant la pointe de mes pectoraux jusqu’à leur érection. Un doux frisson parcourt mon ventre et je m’aperçois que la bosse qui déforme mon pantalon a repris de la vigueur. Avec un naturel très composé, ses mains descendent progressivement sur mon ventre et jouent maintenant avec la ceinture de cuir.
Avec une habilité qui me surprend, elle en défait la boucle et s’arrête. Je baisse les yeux et rencontre le gris vert des siens… Les reflets des dernières lueurs du feu de la cheminée jouent dans ses mèches blondes et grises. Son visage, qu’elle souhaiterait impassible, trahit cependant une forte émotion. Peut-être la conscience de braver un interdit…
— Voulez-vous enlever votre pantalon !
Ces quelques mots presque chuchotés auraient, en d’autres circonstances, claqués comme un coup de chambrière. Dans cette ambiance empreinte d’érotisme confiant, ils ne me choquent pas. Au contraire, il me semble naturel de satisfaire cette demande exprimée comme une prière. Le plaisir de l’autre pour source de son propre plaisir me paraît être une évidence.
Je défais la boucle de ma ceinture et déboutonne les boutons qui ferment mon pantalon de toile beige. Je le baisse lentement jusqu’à mi-cuisses et le lâche… Il glisse le long de mes jambes et va rejoindre la chemise qui gît déjà à mes pieds.
— Dites-moi, Pierre, vous pensez à moi de temps en temps ?
Elle a baissé la tête en parlant et a les yeux fixés sur mon caleçon tendu à hauteur de ses yeux. Gagné par sa stratégie de mise en confiance, je lui réponds avec un naturel qui m’aurait, quelques minutes plus tôt, paru frôler l’indécence.
— Oui, je pense à vous souvent…
— Toute la journée ?
— Un peu, mais surtout le soir quand j’éteins la lumière.
— Vous y pensez comment ?
— Ben, euh…je veux dire… comme à une femme.
— C’est-à-dire ?
— Je pense que vous êtes avec moi, que je… que vous êtes nue… et que je vous caresse… et que vous me caressez…
— Vous prenez plaisir à ces pensées…
— Oui…
— Vous vous contentez de rêver ?
— Euh… non, pas vraiment….
— Que faites-vous alors?…
— … Je me caresse…
— Cela vous rend heureux ?
— Oui… beaucoup.
Tout en parlant, Charlotte a glissé ses doigts sous l’élastique de mon caleçon qu’elle baisse lentement, l’écartant pour libérer la raideur de la jeune tige qui tend le tissu. Je sens le coton glisser le long de mes jambes. Sans un mot, elle soulève mes pieds et les libère du tissu qui les entrave.
Charlotte relève la tête à hauteur de mon ventre.
— La découverte du corps de l’amant est toujours un vrai bonheur pour moi… Ces minutes rares, beaucoup ne savent pas les apprécier… Ce moment est pourtant unique… Il faut savoir apprécier ces instants… Vous avez vu, la confiance établie a fait disparaître toute gêne… J’ai beaucoup de plaisir à découvrir votre corps, tendu par le désir, je voudrais – sans jeu de mots – que cet instant dure. J’aime regarder votre corps tendu, balançant sous les pulsions du désir…
À ma grande surprise, je ne ressens aucun embarras… L’éducation plutôt rigide que j’ai reçue chez les frères des écoles chrétiennes ne semble pas outragée. Un homme et une femme nourris, élevés et éduqués, respirant à la même altitude, peuvent tout se permettre, en toute confiance, en toute intelligence… seul le scandale, qui est la faute suprême contre la morale et le goût, doit leur servir de limite…
Je me retrouve ainsi, nu comme un ver, dans le salon de mes parents, face à l’une des meilleures amies de ma mère ; amie qui a en plus été élevée au quasi-rang de tante… et je n’éprouve aucune gêne réelle. Les préjugés d’âge, de liens sociaux… tout a disparu, nous sommes, à l’instar d’Alice au pays des merveilles, passés de l’autre côté du miroir. Les règles n’ont plus la même valeur… Tout est enveloppé d’un sentiment diffus et trouble où se mêlent la confiance et le respect… Seul le sentiment de transgression, qui ajoute à mon plaisir, me raccroche au monde des lois, des règlements, des interdits, des obligations…
Charlotte a posé ses mains sur mes cuisses. Nous ne parlons plus, j’ai fermé les yeux, la tête penchée en arrière j’essaye de résister à la tentation d’exploser… J’imagine le plaisir de l’instant qui va suivre, je pousse mon ventre tendu vers l’avant. Ses doigts glissent sur ma peau, contournent mes cuisses, remontent jusqu’à mes fesses dont ses mains se saisissent. Je sens le souffle de Charlotte sur mon ventre. Elle est toujours assise sur le fauteuil et s’est simplement avancée sur le bord du siège. Elle a dû écarter les jambes car je sens le frottement de la soie de ses bas de chaque côté de mes genoux. Une de ses mains abandonne le globe charnu dont elle semblait apprécier la douceur et tandis que l’autre suit délicatement le sillon qui sépare les deux hémisphères, elle revient se poser sur ma cuisse. Je suis prêt à éclater, la tension de mon ventre est à l’extrême, j’ai du mal à contrôler les pulsions de sang qui l’agitent. Les doigts s’insinuent lentement dans les courtes boucles de ma toison, avançant avec une lenteur calculée dont les effets s’apparentent au supplice. Son index suit l’arc tendu avant de le saisir avec une ferme douceur qui doit, je l’espère, mettre un terme à cette douce torture.
Un souffle tiède caresse la chair turgescente. Pour la première fois de ma vie, une femme va m’offrir l’intime caresse de ses lèvres. J’ouvre les yeux, c’est agréablement insupportable. Je vois les mèches blondes couvrir mon ventre. Charlotte recule lentement la tête et je vois ses lèvres rouges, frissonnantes, s’entrouvrir. La pointe de sa langue rose se pose sur le gland dilaté. Ses deux mains s’emparent de mon corps en caresses lentes alternées de pressions.
Je ne sais plus où je suis, tout se mélange, est-ce un rêve ? Réalité ? Fantasme ? Les caresses de ses lèvres humides résonnent pourtant tout le long de mon corps… nouant et dénouant mon ventre.
Contre toute attente, alors que je suis au bord de l’explosion, elle se retire brusquement et reprend sa place dans le fauteuil. Ses yeux ne sont plus que deux fentes étincelantes d’un feu nouveau. Elle sourit. Ses lèvres humides brillent dans la pénombre.
— Vous êtes heureux Pierre ? Dites-moi ?
Je suis au bord de l’apoplexie. Pourquoi a-t-elle cessé sa caresse ? Il faut qu’elle aille jusqu’au bout ! Sous la frustration du plaisir inachevé, j’ai du mal à contrôler mes sentiments qui ressemblent de plus en plus à une sourde colère.
— Oui, mais… pourquoi vous arrêter… Continuez s’il vous plaît.
— Pauvre Pierre, répondit-elle, avec une mimique de condescendance qui me meurtrit. C’est si dur ? Pauvre petit biquet, vous ne vous sentez pas à la hauteur de vos ambitions me semble-t-il.
Offensé, blessé, le sourire narquois que je devine sur ses lèvres me met hors de moi.
— Eh bien, petit Pierre. Calmez-vous, on dirait un lionceau pris au piège… Mais voilà notre petit mâle qui se dresse sur ses ergots… Je pense que cela suffit pour aujourd’hui et peut-être pour toujours.
Ces mots résonnent comme une insulte. J’ai l’impression d’être trahi… Je ne comprends pas à quel jeu Charlotte joue. Le seul mot qui me vient à l’esprit est celui de salope – mot que je regrette, maintenant que je connais le jeu auquel m’initiait celle qui fut et restera ma première inspiratrice dans ce domaine si complexe de l’érotisme.
Tout à ma jeune colère, je laisse éclater ma frustration et échafaude, dans la fulgurance d’une inspiration diabolique, un plan de vengeance. Ignorant les règles de bienséance que l’on m’a inculquées et au mépris des règles élémentaires d’élégance, je m’apprête à lui faire subir le plus vil des châtiments.
— Vous pensez que je suis un sale petit gamin, vous imaginez que vous pouvez jouer avec moi comme ça !
Je ne me rends pas compte du ridicule de ma position. Je suis nu au milieu du salon de mes parents, fulminant du haut de mes dix-huit ans contre une amie de ma mère, âgée de quarante-huit ans. Plus rien ne compte maintenant… je tiens ma vengeance et Charlotte va voir ce que c’est que de se moquer de moi… Sans le savoir j’entre tête baissée dans le piège qu’elle m’a tendu.
— Vous ne croyez pas vous en sortir comme ça ?
— Mais si mon petit Pierre, je vais rentrer maintenant, il se fait tard… et puis rhabillez-vous, vous êtes ridicule…
Ce dernier mot me fait l’effet d’une gifle.
— Et si je disais tout à mes parents…
Le visage narquois de Charlotte se fige et une lueur sombre traverse ses yeux. Elle feint la stupeur avec un talent rare.
— Vous n’y pensez tout de même pas Pierre. Vous pensez être crédible ? Allez, cessez vos enfantillages…
Elle esquisse un mouvement pour se relever tout en reboutonnant son chemisier.
— Je ne plaisante pas Charlotte ! Si vous ne m’obéissez pas, je dis tout à mes parents… Dans le doute, de toute façon, ils vous éloigneront de la maison… Et puis, cessez de me prendre pour un petit ado imbécile…
— Mais enfin Pierre, vous imaginez le scandale ? Vous pensez à ce que cela implique d’humiliation pour moi ? Laissez-moi partir maintenant, cela suffit.
La voix de Charlotte s’est faite plus douce, presque plaintive… Je tente de contrôler une sourde impression de victoire, de ne pas laisser transparaître le sombre trouble qui m’agite.
— À mon tour de jouer, que cela vous plaise ou non ! Levez-vous !
L’air vaincu, avec une réticence évidente, ignorant la main que je lui tends, Charlotte se lève avec une rare et digne élégance. Elle est maintenant debout devant moi. Jusqu’où aller… j’hésite un peu et pourtant je sens que tout est possible. Elle se tient devant moi, un peu raide, avec cet air condescendant de bourgeoise, sûre d’elle et dominatrice.
— Et alors ?… Vous êtes content… ça y est, vous avez fini votre caprice de petit mâle frustré…
Ces dernières paroles cinglantes me font l’effet d’un coup de fouet. Ah ! Elle veut jouer à ce petit jeu… elle n’a rien compris… je vais lui rabaisser son caquet à cette pimbêche.
— Je n’ai pas fini mon petit caprice, comme vous le dites… et je vais vous le prouver… Enlevez votre veste s’il vous plaît !
— Et s’il ne me plaît pas…
— Je suis sûre que votre meilleure amie, qui est aussi ma mère, sera très choquée par le récit de cet après-midi, raconté les larmes aux yeux, cela s’entend…
Sans un mot mais les yeux plantés dans les miens, elle commença à défaire les boutons de son tailleur. Sans attendre mes injonctions dont je prépare soigneusement l’expression, elle l’a fait glisser le long de ses bras et la dépose délicatement sur l’accoudoir du fauteuil, avec un naturel parfaitement maîtrisé.
— Continuez par le chemisier…
Charlotte a planté un regard assassin dans le mien… Elle ne dit plus un mot mais je crois lire dans ses yeux une colère rentrée qui ajoute au trouble de la situation.
Je suis maintenant ses doigts qui glissent les boutons hors des boutonnières. Elle a fait sauter le dernier et maintient les pans de son chemisier croisés comme un rempart protégeant sa pudeur.
— Enlevez-le aussi, Charlotte, vous me ferez plaisir !
Je commence à avoir un peu honte de cette situation, malgré la certitude que la vengeance est justifiée. Sans se départir de l’arrogance qu’elle affiche, elle écarte les pans de son chemisier blanc et avec la même élégante retenue, elle le dépose soigneusement sur la veste.
Celle qui m’a défié est maintenant devant moi, en soutien-gorge. Quand je pense que j’ai attendu chaque semaine sa venue pour un simple regard jeté dans l’échancrure et son chemiser est là… Elle est là, offerte devant moi.
Mes yeux incrédules se repaissent du simple spectacle de ces seins à moitié recouverts d’une dentelle noire qui tranche avec la blancheur laiteuse de la peau de Charlotte. Mes yeux suivent avec une délectation à peine dissimulée la courbe des demi-sphères de chair qui émergent du tissu noir.
— Continuez !
Nos échanges vocaux se résument maintenant à ce simple mot : continuez !
Charlotte semble encaisser le coup avec un contentement que je ne comprends pas.
Sans un mot, elle passe ses mains dans son dos et dégrafe avec habilité l’attache du soutien-gorge. Elle ramène ses mains, entraînant avec un art consommé les bonnets qui libérèrent les globes de ses seins. L’apparition de cette poitrine si souvent épiée me remplit d’un bonheur insoupçonné. Dans la pénombre de la pièce son torse fait une tâche blanche, rehaussée par le gris sombre de la jupe.
La poitrine de Charlotte est pour moi une merveille. Rien à voir avec les pommes et poires vertes des adolescentes de mon âge que j’ai maladroitement et goulûment pressées lors des interminables séries de slows de nos boums d’été.
Ni trop gros, ni trop petits, ils ont la touchante maturité de leur âge. L’aréole plus sombre fait tache sur le blanc de la peau. Je m’approche et tends les mains pour les cueillir. Charlotte ne bouge pas, seul un frémissement à peine perceptible parcourt son corps. Je caresse avec délectation les globes opalins, m’enivrant de leur souplesse et de leur tiédeur. Mes mains en coupe les soulèvent tandis que mes pouces en agace la pointe qui durcit sous la caresse. Charlotte a fermé les yeux, je vois ses paupières frissonner. J’ai le sentiment incertain qu’elle prend plaisir à cette caresse. Elle se laisse faire… son souffle s’accélère. Un nœud se noue à nouveau au creux de mon ventre et réveille la raideur qui m’avait quitté.
— Cela suffit maintenant, lança-t-elle subitement avec sécheresse en tentant de me repousser.
Charlotte semble reprendre conscience et se rebiffer.
— Vous avez eu ce que vous voulez, alors maintenant cessez vos gamineries ! Vous n’êtes qu’un petit sot…
— Ah non… cela ne fait pas le compte ! Je suis désolé, vous allez devoir boire le verre jusqu’à la lie. Le petit sot n’en a pas fini… Vous savez ce que vous risquez… Vous avez horreur du scandale… vous avez raison. Moi aussi… Continuez, la jupe maintenant !
— Très bien, je vois… continuons mais vous avez intérêt à être à la hauteur !
Charlotte prend brusquement la ceinture de sa jupe et la fait tourner, amenant la fermeture éclair sur le devant. Sans attendre que je dise quoi que ce soit, elle défait l’agrafe et fait descendre lentement mais sans hésitation la fermeture éclair. Sans un regard, elle la laisse tomber à ses chevilles et de la pointe d’un escarpin la repousse négligemment.
— Je suppose que vous voulez que je continue…
Sur un simple mouvement des paupières, elle reprend son effeuillage et va s’attaquer aux fermetures métalliques du porte-jarretelles noir.
— Non, s’il vous plaît… gardez-le…
— Bien, voilà c’est fait… Vous m’avez vu, le spectacle est fini, vous allez pouvoir me laisser me rhabiller, lance-t-elle. Puis après un silence… Vous n’imaginez tout de même pas que je vais aller plus loin. Vous n’êtes qu’un enfant et le reste exige un carré blanc… Bonne nuit mon petit… le marchand de sable va passer
Cette dernière parole et le geste qu’elle esquisse en se penchant vers sa jupe… c’en est trop.
Humilié par le dédain de son ton et le mépris qu’elle affiche, je me rue sur elle. Profitant qu’elle est baissée pour reprendre sa jupe, je la pousse vers le fauteuil sur l’accoudoir duquel elle se plie. La vision de ses fesses tendant la soie noire de sa culotte me redonne une vigueur que je ne contrôle plus. Sourd à ses cris étouffés, à ses plaintes, je la maintiens d’une main par la nuque et empoigne sa culotte que je tente de baisser. Charlotte se débat et arrivée à mi-cuisse la soie ne résiste pas à la traction. Le bruit du tissu se déchirant décuple mon excitation. La splendeur de ses fesses d’une blancheur lourde d’albâtre s’épanouit dans la pénombre. Je me mets à genoux derrière elle. Insensible aux propos incohérents qu’elle grommelle j’écarte d’une main ses cuisses et les maintenant avec mes genoux. Mes doigts s’enfoncent dans la fourche de ses jambes, écartent les replis de chairs humides. De mon autre main, je dirige mon jeune sexe tendu, me fraye un chemin et m’enfonce dans son ventre avec une facilité qui me désarçonne.
Charlotte ne parle plus, crispée, tendue comme un arc, elle pousse contre toute attente ses reins à la rencontre de mon ventre. Pendant plusieurs minutes nous luttons en une joute charnelle de plus en plus complice. Nos souffles à l’unisson résonnent dans la pièce maintenant plongée dans le noir. Sous le choc des assauts nos corps glissent sur le tapis où ils se mêlent dans une parodie inconsciente de lutte. Bras, bouches, cheveux, ventres… nos chairs s’entremêlent, s’épousent, se repoussent, fusionnent en une brutale mais délicieuse union. Sentant, le plaisir jaillir de mes reins, Charlotte se raidit sans un mot, se tend à se rompre et, ensemble, sans un mot, nous éclatons en une jouissance interminable qui nous laisse tout aussi exténués, repus.
Allongés sur le tapis, devant les quelques braises de la cheminée, Charlotte caresse, en signe d’apaisement, mon visage trempé de sueur ; puis elle se lève la première et, accroupie sur mon ventre, pose un baiser sur mes lèvres…
— Je vais partir… maintenant, attendez, un peu, reposez-vous, vous êtes fatigué… mais ne vous endormez pas… promis ?
Puis se penchant à mon oreille.
— Je vais vous faire un aveu… j’avais envie de vous depuis le début, mais je ne voulais pas avoir l’impression de violer un jeune homme… Alors j’ai joué ce jeu de la provocation… Rassurez-vous, mais d’ailleurs je ne crois pas que cela soit nécessaire, vous êtes un homme, vous me l’avez prouvé… J’ai la plus parfaite confiance dans votre discrétion… Je sais que notre secret sera bien gardé… J’ai encore plein de choses à vous apprendre, vous verrez….
Notre complicité dura de nombreuses années.
Quels que soient nos expériences et les aléas de la vie, nous nous sommes revus régulièrement… pour des aventures à chaque fois plus originales… Avec pour maîtres mots : complicité, élégance et discrétion. Pendant des années Charlotte a été mon mentor sur les chemins de l’érotisme et de la volupté. La différence d’âge n’a jamais été évoquée, seul notre goût commun pour la découverte de plaisirs érotiques de plus en plus sophistiqués nous réunit. Ce lien est renforcé par un fort sentiment de complicité et une totale confiance. Nous nous voyons une fois par mois, parfois moins et à chacune de nos rencontres nous redoublons alternativement d’imagination. Il est peu d’expériences que nous n’ayons pas explorées. Avec toujours ce grand respect, cette délicatesse des sentiments qui caractérisent notre relation.